Le bout de la ficelle.
C’est comme cela que j’appelle cette idée, cette pensée, cette scène, vue, lue ou rêvée qui déclenche la création d’une histoire. Ce sont aussi parfois plusieurs brins longtemps séparés qui forment le déclencheur quand ils se réunissent.
Il s’agira ensuite pour moi de tirer dessus et faire venir le reste de l’histoire, l’enrouler jusqu’à avoir une belle pelote que je pourrai ensuite tricoter pour en faire, j’espère, un joli vêtement.
Bien sûr, il est possible d’écrire sans, se contenter de reprendre ce qui se fait déjà et chacun fait bien comme il veut et je pourrais en faire autant. Mais j’ai du mal à l’idée d’une perle qui n’aurait pas son petit grain de sable, cette impureté prétendue qui par les couches de nacre successives devient le centre d’un objet admirable que l’on garde et regarde avec plaisir. Ce que je souhaite pour mes livres.
Pour en arriver là, je vais devoir reprendre, retravailler et réécrire, tant le fond que la forme en usant de toutes les techniques possibles mises à ma disposition (scénaristique, rythmique, stylistique) avec plus ou moins de bonheur, mais avec toujours à l’esprit le souhait d’un résultat final qui aura su faire de cette impureté le centre d’une belle réalisation.
Ni architecte, ni jardinier, mais un peu les deux à la fois, je laisse pousser et retravaille, retaille, déplace et replante par couches successives, sorte de paysagisme littéraire, jusqu’à atteindre un point d’équilibre, ce moment où le texte semble se suffire à lui-même.
Pour les 7 branches, le bout de la ficelle se trouve dans la dernière scène du livre, l’avant-dernier propos (issu d’un roman de Jack VANCE) auquel je souhaitais justement rajouter le dernier.
Pour Chauffeure, il s’agissait d’une discussion dans une nouvelle de MURAKAMI Haruki entre une chauffeure et son passager.
Pour Monamie, l’origine est autobiographique et j’y partage quelques souvenirs mêlés à une histoire fantastique. Plusieurs brins se sont rejoints.
Je nous souhaite à tous de nombreux bouts de ficelles et des histoires qui nous donneront autant de plaisir à écrire que celles et ceux à qui nous les apporteront en auront à les lire.