Le syndrome du pot de fleurs. Généralisation du test de Bechdel.
En 1985, Alison Bechdel crée un test évaluant la présence féminine dans un film grâce à trois questions :
1 : Y a-t-il au moins deux personnages féminins nommés ?
2 : Ces femmes se parlent-elles entre-elles ?
3 : Leur conversation porte-t-elle sur un sujet autre qu’un personnage masculin ?
Ce test révèle la vacuité des rôles féminins au cinéma (inexistants ou simples faire-valoir du héros masculin.) Plus largement, il permet d’apporter un regard critique aux réactions de nos divers protagonistes, cette mécanique de l’inexistant étant fort récurrente dans les histoires écrites comme visuelles.
En effet, au-delà de ce test que chaque créateur se devrait de garder en tête à la conception des relations entre ses personnages pour éviter les mécaniques sexistes, en émerge un second tout aussi utile, à appliquer cette fois-ci lors de la résolution de nos scènes et non en amont, à savoir : ce personnage est-il un pot de fleurs ?
Une seule question pour vous faire gagner du temps, mais à appliquer à absolument tous vos personnages, des plus importants aux plus insignifiants et ce pour un besoin de cohérence et de réalisme.
Un exemple : scène musclée entre deux personnages principaux sur un parking. Les gens autour ne font rien dans le même temps ? Ce sont des pots de fleurs. Oui, leurs interventions (tant actives que passives) vont avoir des conséquences sur la scène. Justement : c’est normal ! Dans la vraie vie, ils fuient, font semblant de ne rien voir, filment, regardent immobiles ou s’interposent.
Pire : même scène sur le parking d’une base militaire avec des soldats patrouillant en arme à moins de dix mètres. S’ils n’interviennent pas, ce sont des pots de fleurs et votre scène vient de perdre en réalisme de façon massive pour toute personne ayant déjà mis les pieds sur un site militaire. (C’est d’ailleurs d’avoir vu cette scène cette semaine dans une série qui m’a donné envie de vous partager ce sujet.)
Cela nous mène aussi à un propos plus général : l’équilibre entre nos choix scénaristiques et le réalisme du récit. Un concept du genre : « faire les réponses avec les questions » et tous les travers qu’il implique. Promis, j’en dirai quelques mots bientôt.
Bonne écriture à tous.