Sortir des sentiers battus / Think out of the box

Ces deux expressions portent la même idée : la capacité  à innover, inventer, créer du neuf, plutôt que se contenter de reproduire ce qui existe déjà.

Encore faut-il savoir où se trouve ce sentier battu, cette boite contenant tout ce qui a déjà été fait, avoir des connaissances sur notre sujet.
La poésie libre s’étiole de ne pas pouvoir s’opposer à l’alexandrin sans ce savoir. Un vers tombé par hasard sur une nouveauté apportera certes, dans un premier temps, grande renommée au chanceux. Le temps passant, l’absence de répétition ne fera que confirmer le peu de talent. Juste un coup de chance.

Ces deux expressions excluent aussi les productions d’IA puisque celles-ci ne font que copier ce qui a déjà été fait – à bien y réfléchir, l’IA est à l’intelligence ce que le sophisme est au raisonnement, une apparence sans sa réalité – et nous invitent à être original. Mais l’objectif est-il véritablement l’originalité ?

Original : Qui paraît ne dériver de rien d’antérieur, qui est unique.
Comme pour l’IA, il ne s’agit que de paraître. C’est un regard extérieur qui se prononce. Il ne s’agit pas du processus créatif intérieur, mais d’un jugement par autrui, sans compréhension de ce qui se trouve en amont du résultat.

La création pure n’existe pas. Elle s’appuie toujours sur tout ce qui a été fait auparavant (dans la limite des savoirs de la personne qui crée). Si nous nous contentons d’une approche différente du sujet en nous référant uniquement à ce qui a déjà été fait, nos créations originales seront similaires aux autres, puisqu’elles se serviront des mêmes bases culturelles, sociales, scientifiques.
Nous ne serons alors que l’équivalent d’IA de faible capacité puisque nos bases de savoirs seront bien moindres que celles des machines et nos résultats similaires et moins nombreux.
C’est, à terme, la promesse d’une disparition, le regard extérieur continuant d’aduler l’IA sans réaliser à quel point elle l’aura enfermé dans un néant créatif, jouissif à court terme par son apparente capacité à créer immédiatement et destructif au final, lorsque chacun constatera que toutes ces productions sont identiques et n’apportent strictement plus rien.

C’est d’autant plus pervers qu’à l’usage, avec ou sans IA, l’anti-conformisme devient un nouveau conformisme, puisque suivant les même principes – L’image dans le miroir n’ayant d’inverse que le sens – et ainsi les articles, scénarios, histoires aux rebondissements tous identiques nous inondent jusqu’à la perte d’envie de découvrir. Triste petite mort de la surproduction de contenu sans valeur.

Comment nous en sortir ? Peut-être en apportant à nos créations ce que nul autre ne peut y mettre. Nous sommes la somme de nos expériences et même ceux qui les rassemblent n’en ont qu’une vision partielle. Au delà d’un vécu qui peut être enregistré, compulsé et régurgité, se trouve aussi son interprétation, sentiments et pensées. Cela implique un exercice difficile de mise à nu, mais il me semble que c’est la meilleure façon de sortir des sentiers battus / think out of the box :

plutôt que chercher l’original, faire un travail personnel.

Bonne écriture à tous.

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